
«Calculette prétentieuse» est son surnom le plus saugrenu. A cause de ses boutons, sans doute. On l’appelle aussi «piano à bretelle». A cause de ses touches, probablement ? Il peut avoir en effet, sur son clavier de droite, des touches semblables à celles d’un piano. Et «boîte à frissons» lui va bien: l’accordéon, quand il s’y met, peut être complètement bouleversant…
Du 19e siècle, inventé par un Berlinois (Buschmann) ou par un Arménien de Vienne (Demian), il est italien quand on fait référence à sa première production industrielle, et russe pour ses perfectionnements les plus marquants.
Chromatique ou diatonique, son formidable potentiel sonore lui permet de s’épanouir dans de multiples styles, du classique au jazz en passant par le tango ou la musique tsigane.
En France, l’accordéon évoque évidemment le bal musette, ses trottoirs animés et l’élégance de Marcel Azzola. Mais l’instrument s’est depuis longtemps affranchi des clichés : Richard Galliano lui a ouvert la voie du jazz, tandis que Stéphane Chapuis, dont l’apport reste précieux, en a porté les couleurs régionales avec une sensibilité toute helvétique. D’autres voix marquantes l’ont façonné : Yvette Horner, éclatante figure populaire ; Anne Niepold, créative et indisciplinée ; ou encore Daniel Mille, maître des atmosphères intimes.
Et partout, dans la chanson comme dans le rock, l’accordéon a laissé son empreinte — de Renaud à Higelin, de la Mano Negra aux Têtes Raides — rappelant qu’il sait aussi être un compagnon de scène fougueux et profondément humain.
